Le Noir américain correspond à l'homme marginal que Robert E. Park illustre avec la figure du juif émancipé.
Une fois le ghetto médiéval supprimé, le juif devint un « hybride culturel », évoluant dans un contexte sociale ambivalent ; il s'accommoda à un monde différent tout en restant peu enclin à rompre avec son passé et ses traditions. Dans le même temps, il ne fut guère accepté, en raison des préjugés raciaux, par sa nouvelle société.
De même, une fois l'esclavage aboli et qu'il fut permis au Noir américain de participer à la vie culturelle des peuples parmi lesquels il vivait, celui-ci s'est retrouvé sur la marge de deux cultures et de deux sociétés (américaine d'une part et africaine d'autre part) dont la fusion ne s'est jamais réalisée.
Pour les Noirs, les mécanismes d'exclusion ont été affinés et continuent de l'être encore aujourd'hui. Selon Paraire, ils sont passés par trois statuts successifs : d'abord esclaves, ils ont été, par la suite, libérés mais maintenus, jusqu'au début des années septante du XXème siècle, à l'écart de la vie économique, politique et culturelle par un arsenal de lois ségrégationnistes. Enfin, confinés dans des « downtowns » surveillés par la police bien qu'officiellement, leurs droits étaient équivalents à ceux des Blancs américains.
Pour justifier l'exclusion raciale, il a fallu démontrer la nature infra humaine de la population noire par diverses stratégies.
La première a été d'imposer l'idée que les Noirs n'avaient pas d'histoire et qu'ils avaient toujours été passifs face à la situation de l'esclavage. En réalité, la résistance âpre et collective à l'ordre servile fit d'innombrables victimes et prouva la détermination des Africains d'Amérique à refuser le sort animal qui leur était fait et à nier ainsi, les armes à la main, cet état d'infériorité que l'esclavage avait défini pour eux. La résistance prit diverses formes : rebellions violentes, conspirations, brigandages, pillages, incendies, meurtres et évasions individuelles.
La deuxième stratégie fut d'occulter l'extraordinaire contribution des Afro-américains à l'enrichissement du pays pendant la période de l'esclavage, mais aussi après leur émancipation depuis plus d'un siècle.
La dernière stratégie fut l'exploitation des créations culturelles spécifiques du peuple noir américain.
La réalité d'une culture sauvée de la période de l'esclavage est parallèle à cette résistance active que l'on a aussi trop longtemps niée. En même temps qu'il préparait son complot, l'esclave rebelle cherchait un moyen de retrouver l'Afrique en lui. De la même manière, la recherche d'identité des créateurs noirs qu'il s'agisse de chanteurs de Blues comme Big Bill Broonzy, de rockers comme Jimi Hendrix, de théoriciens comme Malcolm X ou de cinéastes comme Spike Lee, ne vise pas une synthèse des formes culturelles blanches ; elle se contente d'utiliser leurs apports (guitare, télévision, micros, films etc...…) pour exprimer un message noir.
Par la négation de la culture des Noirs américains, l'idéologie raciste cherche à anéantir toute volonté culturelle identitaire ; Peuple sans histoire et sans passé, sans culture, sans conscience collective ni rôle historique, les Noirs doivent donc vivre séparés du reste de la nation.
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Quand la neige tombe,
Est-ce une colombe
Qui secoue au vent
Son plumage blanc ?
Lente et calme, en grand silence,
Elle descend, se balance
Et flotte confusément,
Amitieusement ~~~~~ ~~~~~
~~~~~ ~~~~~ ~~~~~ Violette
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